Ayiti nan lari (texte)
Le 12 janvier 2010 est une date qui fait désormais partie de de l'histoire de la République d'Haïti. Ce pays, le plus pauvre de la Caraïbe, doit désormais reconstruire sa capitale mais doit aussi poursuivre son développement.
Le boulevard Jean Jacques Dessaline est la colonne vertébrale du pays car elle centralise autour d'elle toutes les activités de Port-au-Prince, économiques, sociales, culturelles ainsi que tous les flux de déplacement du pays.
Elle fait le lien de l'international vers le local, de la macro échelle à la micro car elle connecte les trois pôles de développement du pays : l'Aéroport, le Terminal maritime international et le centre historique.
Notre projet "Ayiti nan lari" est le territoire d'expérimentation d'une thèse qui considère la rue comme un générateur urbain. Pour application, on choisit le territoire foisonnant du boulevard Jean Jacques Dessaline. S'appuyer sur la rue, c'est s'appuyer sur ce qui a survécu au séisme, le tracé, l'histoire et les gens. Un tracé d'espace vide qui est la vraie permanence de la ville, sa structure fondamentale.
Afin de faciliter le transfert des flux de l'aéroport, vers le port et le centre ville et inversement , sera mis en place au sein de ce projet deux systèmes de déplacements qui vont compléter le réseaux existant :
- une navette s'appuiera sur le tracé de l'ancien tramway présent en Haïti dans les années 1800 et qui suit en partie le boulevard Dessaline. Navette qui pourrait être remplacée par un tramway dès que la situation en Haïti le permettra.
- une navette propre au centre ville qui assurera le lien entre les différents points de rassemblement spontanées des bus TAP TAP et desservira le Port.
Pour équiper cette rue le choix d'une infrastructure fragmentée s'est imposé car ce type d'intervention correspond mieux à l'échelle du site. C'est donc autour de deux types d'équipements de mobilités que s'organise le projet:
- L'échoppe,
elle est actuellement la base de tout le commerce informel qui se déroule dans la rue. Elle assure énormément de fonctions, qu'il s'agisse de se vêtir, de se nourrir , de se réunir , de se soigner, et bien plus encore. Aujourd'hui elle revêt divers forme,j'ai souhaité la retravailler comme un système modulable,évolutif, mobile et économique.
- La station,
En accompagnement des systèmes de transport existants. La station est un élément évolutif, bien plus qu'un simple abri, elle est un lieu qui offre de multiples possibilités d'occupation et d'appropriation de l'espace par les usagers.
J'ai souhaité proposer ces deux types d'équipements dans une logique de complémentarité afin de permettre que se développe le long des rues une infinité d'usage.
C'est ainsi que l'on peux voir apparaître des stations "lieux d'expositions", des stations "commerciales" et bien d'autres encore. Cette complémentarité est permise par le dimensionnement de ces deux types de structures. Afin d'autoriser une conception rapide et peu coûteuse, le choix des matériaux s'est porté sur des éléments déjà présents sur le site à profusion :
-Les gravats
assemblés en gabion, ils permettent de réaliser les parties lourdes de chaque station (sols, assises, mobilier permanent). Ces matériaux sont présents en grande quantité sur le site, ils sont souvent triés en vue de recycler les ferraillages.
Ce choix est aussi symbolique car ces matériaux fixés dans une architecture lui confèrent une valeur de témoignage.
-Le bambou
Bien que ce matériau peu coûteux soit présent en abondance sur le territoire, la filière bambou n'existe pas encore. Cependant plusieurs organismes non gouvernementaux tentent de la mettre en place. Expérimenter des constructions en bambou c'est se tourner vers l'avenir.
- Les tentes
Une fois que ces milliers de personnes sans abri seront relogées se posera alors la question de la réutilisation de ce matériau. Dans le cas de ce projet il se retrouve en toiture de certaines échoppes.
La gare routière de Portail Léogane, le marché Historique Hippolyte et l'Aéroport internationale de Toussaint Louverture sont trois des lieux importants du parcours du Boulevard Dessaline. C'est sur ces sites que j'ai souhaité faire la rencontre entre le système et le territoire et ainsi montrer:
Au portail Léoganne, les stations modulaires s'additionnent et deviennent un quai d'attente, accueillant les échoppes et créant ainsi une alternance entre espace de détentes, d'expositions, de loisirs.
Au Marché Hyppolite, les échoppes s'additionnent, , explorant toute les possibilités d'occupation qu'offre celles-ci. On y retrouve des échoppes de primeurs, des échoppes pour les vendeurs d'épices ou encore des ventes de vêtements et divers autres accessoires.
Au Terminal Aéroportuaire de Toussaint Louverture, les stations permette de gérer les nombreux flux qui se côtoient. Comme pour la gare routière, échoppes et stations s'assemblent pour proposer des espaces divers à l'échelle de l'infrastructure aéroportuaire.
Ce projet envisage la reconstruction du pays sur le long terme. Elle passe forcément par un travail sur les infrastructures pour une meilleure gestion des flux et pour une occupation plus confortable de la rue. Ce projet prétend également offrir des outils économiques qui traversent toutes les échelles. Il se veut aussi social car il vise à maintenir la rue comme lieu de vie et lien social.
Charlise Saint-Fleur PFE R&E 2010