La rue multiple (texte)

Publié le par Space Of Experiences

Rio de Janeiro est la porte d’entrée du pays et la seconde plus grande ville du Brésil après São Paulo. Elle représentent à elles deux le principal pôle économique du Brésil et à ce titre il existe entre ces deux villes des échanges étroits et grandissants. La liaison Rio de Janeiro / São Paulo constitue le plus grand échange aérien du Brésil. C’est dans ce contexte que naît le projet d’une ligne de train à grande vitesse pour 2016 qui se placerait en complément au pont aérien entre les deux villes.

La ligne grande vitesse va desservir l’aéroport international ainsi que la zone centrale de Rio où se situe le futur terminus qui n’est autre que l’ancienne gare de train qui reliait autrefois Rio à Sao Paulo. Avec l’arrivée du TGV c’est aussi l’aéroport international qui arrive en centre ville avec ses services d‘enregistrement. Emerge donc une véritable « airport-city » dans une zone centrale qui marque la séparation géographique entre deux populations. Rio se découpe en trois grandes zones. La zone Nord est une vaste zone populaire où l’on trouve le plus grand nombre de favelas de la ville. La zone Sud regroupe quant à elle davantage les classes moyennes et aisées, elle est la vitrine touristique de la ville. La zone Centrale, qui s’étend du Centre Historique (aujourd’hui centre d’affaires) jusqu’au quartier de Tijuca, sépare ces deux grandes zones distinctes, le Nord et le Sud. Les habitants des deux zones se retrouvent au quotidien dans la zone Centrale, véritable articulation de ces deux espaces différenciés, pour se rendre sur leurs lieux de travail ou pour accéder aux différentes infrastructures de transport. En position de véritable nœud urbain, elle regroupe : - la gare routière,

- la gare Central do Brasil - le terminal fluvial régional - le terminal fluvial international. - l’aéroport national. - la future gare TGV. Cette zone se révèle aussi attractive par la présence de pôles culturels majeurs comme le sambodrome, la cidade do samba et le stade mythique du Maracanã. Mais le centre se trouve néanmoins partagé géographiquement entre la zone d’affaires, ancien centre historique et la zone d’ha- bitat précaire située sur la colline qui dessine le profil du centre de Rio de Janeiro. Ce « morro » (montagne en brésilien) a une valeur historique et culturelle très forte. C’est aux abords de ce morro (aujourd’hui morro da Providencia) qu’ont été construit les premiers quartiers coloniaux, celui où est né la première favela de Rio qui d’ailleurs généralisera le nom de « favela » aux bidon- villes brésilien, où cette musique légendaire, la samba, serait née

Le site du futur TGV dispose de la même répartition géographique sociale : - la zone des immeubles d’affaires, avec le palais des congrés et le bâtiment de la préfecture

- le quartier de prostitution le plus connu de Rio, la Vila Mimosa, véritable zone enclavée entre les lignes du TGV et les lignes de trains. - les quartiers d’habitat précaire et de favelas situés sur le morro, C’est aussi un lieu « entonnoir » entre la zone Sud et la zone Nord où se concentre avec des caractéristiques physiques importantes : - un viaduc routier qui passe à 20m de hauteur.

- un échangeur routier. - deux grandes avenues : Presidente Vargas et Francisco Bicalho - des lignes ferroviaires qui marquent des frontières infranchissa- bles. Mais un site idéal, le nœud urbain entre divers moyen de transport, - les 2 lignes de métro (station cidade nova).

-une station de train qui dessert la banlieue carioca. - les lignes autobus. - l’artère routière la plus dense de la ville, la linha vermelha. - et désormais la future station TGV, porte pour l’aéroport interna- tional

En dépit de la forte concentration de transports collectifs dans cette zone restreinte rien n’a été prévu pour naviguer entre divers mode de transports. L’arrivée du terminal TGV permet d’imaginer l’infrastruc- ture qui permettra ces liaisons et donc l’optimisation du réseau entier. Qu’est-ce que signifie un airport-city dans ce contex- te? dans Rio? dans un pays où 90% des richesses reviennent aux mains de moins de 10% de la population? La société brésilienne est partagée, socialement divisée, mais il y a bien une chose qui les regroupe tous sans exception et qui efface toutes les différences ce sont leur culture, leurs traditions, leur sentiment de fierté envers ce pays. Projeter la première station multimodale de Rio c’est connecter divers moyens de transports c’est mettre en réseau diverses classes sociales, c’est redéfinir les besoins d’un espace public.

Pour palier aux problèmes de connexions se dessine une rue aux multiples dimensions. Cette rue relie le quartier populaire des favelas, le morro, à la Vila Mimosa, le quartier de prostitution, en passant par les stations du métro, la station d’autobus, le terminus TGV et la gare de trains.

Vila Mimosa et les favelas situés sur la colline disposent d’une même caractéristique, ce sont des quartiers de vie, des lieux aux qualités urbaines indéniables. Ces endroits sont des révélateurs de la culture carioca. C’est dans cette atmosphère que l’on se sent à Rio, c’est dans ce contexte que les espaces publics d viennent des lieux d’échanges et de partage. Ce sont des espaces publics adaptés pour la vie en communauté et si je devais choisir le meilleur endroit d’arrivée pour découvrir cette ville ce serait certainement là, dans ce centre avec ces habitants si chaleureux.

Sortir de la gare et m’engouffrer dans une rue où les petits kiosques se déploient, où les les sons de samba se mêlent aux sons du Forro et aux bruitages des matchs de football que retransmettent tous les petits bars et où les odeurs de pipocas (pop-corn) font surface en fin d’après midi à la sortie des classes. Croiser une roda de capoeira, regarder à travers des vitres des personnes dans une salle de gym, prendre un jus de fruit frais. Acheter un «salgado», m’arrê- ter à un boteco, boire une bière patienter, m’asseoir aux côtés des « favelados » et des « workers » en costard / cravate. Offrir à la ville la possibilité de se développer sur des lieux sans apparente valeur, revaloriser et faciliter la vie quotidienne des habitants des quartiers défavorisés. Optimiser les connexions et les fluxs. Créer un espace public où les cariocas se retrou- vent, créer un espace où leurs traditions, ce qui les rassemble, peuvent se perpétuer, créer un lieu qui leur ressemble.

La rue est le cœur du projet, la rue est la station multimodale, c’est une rue qui se divise dans la hauteur qui se démultiplie selon les besoins, c’est une rue qui dessert, c’est une rue où l’on vit. Cette rue s’articule grâce à ses parois qui s’alignent aux grandes directions des avenues existantes, ces deux façades de rue communiquent donc chacune avec un contexte particulier. Elle s’interrompent lorsqu’elle doit recevoir et desservir un flux piéton ou une autre rue. Un phasage peut avoir lieu en hauteur, une première continuité (rue) relie le quartier situé sur la colline à 24m de hauteur au niveau +16m qui réu- nit toutes les stations à usage quotidien et à fréquence maximale, le métro ainsi que le train et qui continue en direction de la praça da bandeira jusqu’au fameux quartier de la Vila Mimosa. Une autre rue en hauteur cette fois-ci à 28m ab- sorbe la linha vermelha l’énorme viaduc routier et créer une tour de parking idéalement situé en entrée du centre ville.

Ces parois contiennent toutes les circulations verticales et sur cette infrastructure vient s’accrocher, des « tours programmes » horizontalement, c’est le cas pour toutes les stations : bus, métro, train et TGV, mais aussi un programme complémentaire, écoles, équipements sportifs, hôtellerie, salle de concert, cinema, école nationale de cirque. Cette façade de rue est donc rythmée par de côté ces tours qui viennent s’insérer et l’habillage de cette rue, induit par les usages des vendeurs de rue qui s’approprient la structure. Cette «rue» évolutive revalorise les quartiers délaissés présents elle se nourrit des méthodes de construction des favelas, à savoir potentialiser les fondations et la structure d’un bâtiment afin que dans le temps il puisse évoluer.

Cette rue multiple permet à toutes les populations de jouir d’une espace commun, elle permet à tout un quartier fragmenté de retrouver une cohérence tant à l’échelle du quartier que de la ville.

 

Amandine Hernandez PFE 2010

Publié dans travaux PFE 2010

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